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L’Inde : grandeurs et misères d’un pays fascinant


Pays de couleurs vibrantes où les palais féeriques côtoient la misère la plus sordide. Pays de paysages superbes. Pays d'une richesse humaine inouïe où d'innombrables dieux mènent le bal. Bienvenue en Inde. Dépaysement garanti.

L'Inde c'est la richesse de la spiritualité de trois grandes religions, l'hindouisme, le bouddhisme et l'islam. C'est aussi des architectures hallucinantes, un fourmillement humain devant lesquels les Occidentaux se sentent souvent spectateurs. Ce pays se déroule devant les yeux des voyageurs comme un film impressionnant, un « road movie » qu'ils ne comprennent pas toujours, mais qui leur laisse des souvenirs impérissables.

Scènes de la vie quotidienne indienne

Même si les distances sont longues, l'expérience de la route indienne n'est pas à dédaigner, puisqu'elle fournit une vue panoramique sur la vie indienne. Louise Roy, une infirmière de Québec diplômée en Histoire de l'art et passionnée de voyages qui a parcouru le pays en tous sens et y accompagne des groupes, privilégie la route quand c'est possible. « Les paysages sont vraiment différents et c'est extrêmement intéressant de les voir se succéder, ce qui nous échappe quand on est en avion », remarque-t-elle. Dans ce pays peuplé d'un milliard d'être humains, le paysage c'est aussi cette humanité grouillante qu'on aperçoit sur la rue et sur les routes indiennes.

Du Bengale occidental au Sikkim

Les pittoresques routes de montagne défoncées par les pluies abondantes qui relient Bagdogra et Darjeeling grimpent en serpentant dans un paysage splendide. Les chauffeurs jouent du klaxon dans les tournants. Des panneaux d'un humour douteux invitent la prudence : « Enjoy your ride. Do not commit suicide » « Give blood to the blood bank, not to the road ».

Cette route traverse un sanctuaire d'animaux qui permet parfois d'apercevoir un éléphant. Dans la brume ensoleillée qui baigne les montagnes, on voit des boutiques de tôle ondulée, des cabanes en bambou. Quelques coquettes maisons peintes de couleurs vives garnies de fleurs avoisinent des carcasses d'autobus. Des hommes jouent aux cartes devant leur maison ou devant de minuscules boutiques grandes comme des kiosques à journaux. Un groupe de gamins se partage une paire de patins à roulettes. De jeunes garçons portant des vêtements troués font le service dans un restaurant au bord de la route. Des femmes transportent des paniers sur leur tête, d'autres semblent rêvasser devant ce paysage grandiose. Des singes surveillent la route du haut des garde-fous. Des poules s'attardent sur la chaussée. On croise des camions de livraison poussiéreux. La route traverse sans cesse les rails étroits du Toy Train, un train de montagne inscrit sur la Liste du Patrimoine mondial de l'humanité en 1999.

Darjeeling

À quatre heures du matin des caravanes de voitures venues des villages environnants se suivent sur une route épouvantable qui semble ne mener nulle part. Cette foule hétéroclite vient assister au miracle du lever de soleil sur le Kangchendzonga. Elle regarde éblouie, le soleil rosir le troisième plus haut sommet de la terre, dont le nom signifie « cinq trésors de la neige ».

En allant vers Gangkok, la route traverse des forêts de pins, des fermes d'orchidées et des plantations de thé. Des grappes de maisons s'accrochent aux falaises. Des hommes transportent des matériaux de construction dans des paniers accrochés dans leur dos qui tiennent par une sangle autour de leur tête. Les femmes font la lessive dans la rivière.

Varanasi, ville sacrée

À Varanasi, où tout Hindou rêve d'aller un jour, le spectacle de la rue est désarmant. Des mendiants et des malades errent dans le dédale de ruelles envahies de déchets, de bouse de vaches, de crottes de chien et d'eaux douteuses. Cependant les rituels, qui se déroulent sur les ghats au bord du Gange le soir quand les brahmanes rendent hommage au fleuve sacré, ou le matin, dans la tendre lumière du lever du soleil, lors de manifestations plus privées comme les ablutions et les crémations, sont d'une poignante vérité.

Delhi

Dans la très belle lumière matinale, des familles se réveillent sur la rue dans la poussière des terre-pleins, à l'ombre de l'hôtel Intercontinental et de la World Trade Tower. Plus tard, la circulation devient complètement farfelue et le chaos règne dans cette ville où les ronds-points se conquièrent dans un assourdissant concert de klaxon. Des odeurs nauséabondes se mêlent aux parfums de cuisine. Les autobus crasseux sont bondés.

Des vaches paissent au milieu des boulevards ou sur les trottoirs ombragés. Parfois, un mini troupeau de vaches avançant par quatre bloque une artère importante à l'heure de pointe.

De Delhi à Agra

Le morne paysage de plaine n'est pas le principal attrait de la route achalandée qui va de Delhi à Agra sur ces quelque 200 kilomètres qui se parcourent difficilement en moins de quatre heures. Des femmes et des enfants frappent à la fenêtre de la voiture en réclamant de quoi manger. Sur la route il faut parfois s'arrêter pour acquitter des droits de passage. Pendant que les chauffeurs se chargent des formalités, les voitures sont assaillies par des mendiants, montreurs d'ours, dresseurs de singe vendeurs de bière, et charmeurs de serpents. Surprenant! Inquiétant même surtout que les glaces des voitures non climatisées sont ouvertes... Plusieurs feux de circulation sont hors d'usage. Un chauffeur de taxi fait l'aumône d'une bouteille de plastique vide à une mendiante.

Sur ce ruban de bitume chaotique et anarchique, affublé du nom pompeux d'autoroute mais criblé de nids de poule et ponctuée de dos d'âne, la voiture double des vélos, des piétons transportant de lourdes charges, planches de bois, feuilles de contreplaqué ou briques, des rickshaws, des camions poussifs, des rouleaux compresseur, des scooters sur lesquels s'entassent souvent trois passagers, dont une femme en sari assise en Amazone, des poules, des troupeaux de chèvres, des tracteurs et des dromadaires chargés d'immenses poches de moulée pour animaux. Une charrette tirée par un cheval roule à contresens. Des cyclistes s'accrochent à l'arrière de camions, le temps de reprendre leur souffle.

Les bidonvilles se succèdent. Huttes de briques ou de bouse de vache, recouvertes de bâches de plastique ou de tôle ondulée. Sur cette grande scène de la vie, une mère épouille sa petite fille, un père lave son enfant au boyau d'arrosage, des barbiers s'affairent, une femme confectionne des galets de bouse de vache qu'elle fera sécher au soleil. Des gens dorment sur le trottoir. Les enfants puisent de l'eau. Des cochons fouillent les ordures en bordure de la route. Un homme lance des bananes à un groupe de singes.

Un peu avant d'arriver à Agra, la ville du Taj Mahal, on passe Mathura, où serait né Krishna. Au bout de cette route interminable et bouleversante, il y a Fatehpur Sikri Sikandra, le mausolée d'Itimad-ud-Daulah surnommé le mini Taj, et Agra, son Fort Rouge, et le Taj Mahal, extravagant hymne à l'amour d'un tout-puissant empereur moghol pour son épouse favorite, qui détonne dans l'écrin de la petite vie indienne.

Planifier son voyage

Pour Louise Roy qui connaît bien le pays, le nord est incontournable. « Il faut compter au moins une douzaine de jours pour le voir. Cependant la plupart des gens qui vont en Inde y restent au moins trois semaines. Ça permet de compléter avec Khajuraho, Bombay, Madras, ou Calcutta.

Précautions et conseils

. Lire sur la destination et assister à des conférences et des films qui présentent l'Inde. « Il faut surtout s'intéresser à l'hindouisme si on veut comprendre l'Inde », précise Louise Roy.
. S'informer à l'avance des vaccins requis.
. Ne jamais boire l'eau du robinet. Acheter de l'eau embouteillée et s'assurer que la bouteille n'a pas été ouverte. Boire beaucoup d'eau pour éviter la déshydratation.
. Se munir de savon anti-bactérien sans eau et l'utiliser souvent pour se laver les mains.
. Porter de bonnes chaussures de marche. On n'aime pas marcher en petites sandales dans la bouse de vache et autres déchets plus ou moins identifiés....
. S'habiller modestement, mais éviter les jupes trop longues qui risquent de traîner dans ladite bouse de vache.... Les hommes comme les femmes devraient éviter les bermudas.
. Glisser une lampe de poche dans sa trousse de toilette. C'est utile pour se repérer dans une chambre d'hôtel inconnue en cas de coupure de courant.
. Ceux qui voyagent en solo et qui ne connaissent pas bien les hôtels où ils vont descendre devraient apporter un drap d'auberge à glisser dans un lit pas très propre, un diffuseur de produit anti-moustique et une bougie parfumée dans un contenant de métal pour chasser les odeurs douteuses d'une chambre mal aérée.

Louise Gaboury