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Article publié dans le webzine de Mai 2013

Tourisme de mémoire, sur les traces de l’histoire


Le tourisme de mémoire, ou tourisme commémoratif, prend plusieurs formes, mais s'attarde surtout aux lieux imprégnés d'histoire, et souvent, baignés de sang. La principale différence avec le tourisme de guerre, c'est qu'il n'est pas extrême, parce qu'il vise des lieux où les conflits sont, depuis longtemps, finis.

On regroupe sous l'appellation tourisme de mémoire, autant les sites de batailles médiévales, les fortifications du XVIe que les champs de bataille du XIXe, les tranchées du XXe et les musées et monuments consacrés aux guerres et à leurs héros, comme l'Arc de Triomphe, ou à leurs victimes, comme le Mémorial de la Résistance, à Vassieux-en-Vercors, dans la Drôme.

La France, importante destination du tourisme de mémoire

Comme l'année 2014 marquera le 100e anniversaire du déclenchement de la Première guerre mondiale et le 70e anniversaire du débarquement de Normandie, le sujet sera à l'ordre du jour, surtout en France.

Le ministère de la Défense français définit le concept de tourisme de mémoire comme une «démarche incitant le public à explorer les éléments du patrimoine mis en valeur pour y puiser l'enrichissement civique et culturel que procure la référence au passé».

Ce type de tourisme s'est beaucoup développé, surtout depuis les années 1980, et la fréquentation des lieux de mémoire est en constante augmentation. En France, 80% des sites de mémoire payants ont été ouverts après 1980, et 25%, dans les années 2000.

En France toujours, on estime que le tourisme de mémoire attire plus de 6 millions de visiteurs par année avec 45% de clientèle étrangère et que les revenus générés atteignent les 45 millions d'euros. Les 17 principaux sites français, concentrés surtout en Normandie et en Alsace, font à eux seuls 4 millions d'entrées. Le Mémorial de Caen (www.memorial-caen.fr) en fait 400 000 et le Mémorial de la Shoah à Paris, 180 000 www.memorialdelashoah.org. Plus modestement, le Mémorial Charles de Gaulle à Colombey-les-Deux-Églises, reçoit 7% d'étrangers. www.memorial-charlesdegaulle.fr

La commémoration du 90e anniversaire de la bataille de Vimy, le 9 avril 2007, a attiré 25,000 personnes, dont 10 000 Canadiens, et la moitié d'entre eux avaient moins de 25 ans.

Autrefois principalement composée d'anciens combattants (qui ne comptent plus que pour 4%), la clientèle  se diversifie : amateurs d'Histoire, familles avec enfants, et la clientèle scolaire qui constitue près du quart des visiteurs.

Si les sites sont nombreux, quelques itinéraires sont également proposés aux pèlerins de la mémoire. La route dite « Napoléon », parcourue en mars 1815 par l'empereur déchu qui voulait reconquérir Paris après son exil sur l'île d'Elbe, serpente de Golfe Juan à Grenoble. www.route-napoleon.com

Des parcours thématiques permettent par exemple de suivre les troupes canadiennes en France pendant la première guerre mondiale. L'itinéraire s'étire sur plus de 120 kilomètres et s'avance jusqu'en Belgique. www.cheminsdememoire.gouv.fr.

C'est d'ailleurs en Belgique francophone qu'on peut se recueillir sur ce qui fut une importante victoire ou une défaite fatale, selon qu'on soit du côté de Napoléon ou du duc de Wellington, à Waterloo, morne plaine... Où se pressent, bon an mal an, quelque 300 000 visiteurs, dont 68% d'étrangers et où les reconstitutions quinquennales peuvent drainer jusqu'à 175 000 visiteurs le temps d'un week-end.

Personnellement, la chose m'a laissée plutôt indifférente. Question de culture, j'imagine... Même si je ne suis pas moi-même une inconditionnelle du tourisme de mémoire, mon intérêt pour l'Histoire m'a entraînée à visiter plusieurs sites qui y sont liés.

Et j'ai été...

. Extrêmement émue sur les plages du Débarquement réussi de Normandie (www.normandiememoire.com), mais aussi celle de celui, raté, de Dieppe et par les cimetières qui rappellent que toute cette belle jeunesse a été fauchée dans la fleur de l'âge.

. Impressionnée par les tranchées qu'on peut visiter au Mémorial canadien  commémorant la bataille de Vimy en 1917 et par la reconstruction de la ville d'Arras, voisine, déclarée « ville-martyre ». www.veterans.gc.ca/fra/memoriaux/france/vimy et www.ot-arras.fr

. Très intéressée par le quartier général londonien de Winston Churchill et l'ambiance fébrile qu'on peut presque sentir dans les « War Rooms ». www.iwm.org.uk/visits/churchill-war-rooms

. Intriguée par le plus grand ouvrage de la Ligne Maginot ouvert au public en Alsace, à Schoenenbourg, où affluent chaque année une quarantaine de milliers de visiteurs, dont 60% d'Allemands www.lignemaginot.com

Saviez-vous que le site polonais de l'ancien camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau reçoit chaque année 1,4 million de visiteurs ?
Le Danemark annonçait récemment qu'il mettrait de l'avant 25 sites reliés à la Guerre froide. Décidément, l'Histoire nous rattrape.
Louise Gaboury