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Article publié dans le webzine de Décembre 2008

Traditionnels Noëls d'ailleurs


Certains coins du monde entretiennent jalousement leurs traditions de Noël. C'est notamment le cas du Danemark, de l'Alsace et de la Provence.

Nous avons depuis longtemps adopté le sapin de Noël alsacien. Rien ne nous empêche de nous inspirer d'autres pratiques "exotiques" en faisant par exemple suivre notre tourtière des 13 desserts provençaux ou en plaçant des santons sous le sapin. On ne saurait toutefois recommander d'illuminer son arbre de Noël à la bougie comme ça se pratique encore au Danemark...

Un Noël danois illuminé et gourmand

Dans ce pays nordique où la lumière fait cruellement défaut en hiver, on ne lésine pas sur les bougies. À partir du 1er décembre, les Danois allument des bougies numérotées de un à 24. Conçues dans le même esprit que notre calendrier de l'avent, elles marquent le compte à rebours jusqu'à Noël. Chaque matin, avant que les enfants ne partent à l,école, ou le soir quand ils en reviennent, les mamans laissent brüler la bougie qui correspond à la date du jour.

Au Danemark, beaucoup d'arbres de Noël sont encore décorés de vraies bougies, même si cette coutume est e perte de vitesse pour d'évidentes raisons de sécurité. Il semblerait que les conflitsentre les partisans de l'électricité et ceux de la bougie diviseraient les familles autant que la question nationale au Québec...

La lumière ne nourrissant pas son homme et les conflits ouvrant l'appétit, les Danois envahissent les restaurants pendant tout le mois de décembre pour déguster une vaste gamme de plats traditionnels, l'un après l'autre, selon un ordre immuable. On commence par le hareng, qui peut être apprêté de trois façons, avant de passer à la pie nappée d'une sauce rémoulade. Suivent le saumon mariné, les crevettes et les viandes, boeuf, jambon ou porc, et chou rouge avec du poulet en salsde servi avec du bacon. Après, il reste encore à avaler fromages et dessert. Ouf!

Chaque plat est accompagné du pain approprié et arrosé de quelques verres d'akvavit servi frais. comme d'autres pays du nord, le Danemark produit des bières de Noël comme la Julebryg. Habituellement plus fortes en alcool, on les surnomme Ding Dong parce qu'elles peuvent cogner fort!

L'Alsace, berceau de traditions

L'histoire de l'un des plus importants rites de Noël, le sapin, nous amène en Alsace où l'arbre de Noël se développe à partir du XVIe siècle. au Moyen Âge, un sapin couvert de pommes symbolisait l'arbre du bien et du mal au cours des mystères joués sur les parvis des églises la veille de Noël. quand ces manifestations ont été interdites, elles se sont déplacées à l'intérieur et le sapin, auquel on a ajouté fils d'or et papiers multicolores, est devenu un arbre de Noël.

Au fil des années, noix, figurines de pâte d'amande et bredle, petits biscuits de Noël à base d'amandes, de noisettes, d'anis et de cannelle ont complété la panoplie des ornements du sapin alsacien.

Au milieu du XIXe siècle, une grande sécheresse ayant privé les Alsaciens de pommes et de noix pour décorer leurs sapins, les verriers de Meisenthal entreprennent de les recréer en verre soufflé. À partir de ce moment, boules, clochettes, oiseaux, cheveux d'ange et tout le tralala prennent leur place dans l'arbre de Noël. quand les aléas de la guerre de 1870 les forcent à émigrer, les Alsaciens emportent l'arbre de Noël dans leurs bagages.

Dès la fin de novembre, longtemps avant que ne sonne l'heure de la décoration du sapin, l'alsace se met en mode festif. Les cuisines fleurent bon les bredle. Les boulangers s'affairent à la confection des mennele, petits bonshommes en brioche, une gourmandise traditionnelle de Noël. Ce douceurs sont encore offertes aux enfants à l'occasion de la Saint-Nicolas, le 6 décembre. Ceux quii n'ont pas l'énergie ou le temps de cuisiner les achètent dans les marchés de Noël qui foisonnent dans la région.

En Provence, 13 desserts la douzaine!

En Provence, la préparation de Noël relève du grand art. Ici, pas de Noël sans santons (du provençal santoun qui signifie petit saint). Le premier santon aurait été créé à Marseille pendant la Révolution. Bravant l'interdiction des crèches, les premiers santonniers auraient fabriqué de petits personnages bibliques en argile séchée. Par la suite, la famille des santons s'est enrichie de personnages de la vie de tous les jours, berger, boulanger, etc.

Le gros souper provençal de la veille de Noël nécessite une véritable mise en scène. La table est mise sur troois nappes superposées surlesquelles sont déposées trois bougies, symboles de la Trinité. On dresse un couvert de plus. C'est la part du pauvre. Le gros souper est en fait un repas maigre au cours duquel on sert des légumes traditionnels et du poisson. La fantaisie apparaît à la fin du repas...

Ls 13 desserts rappellent les 13 convives de la Dernière Cène. On mange alors la "pompe à huile", une galette à l'huile d'olive parfumée à la fleur d'oranger, le nougat (blanc et noir), les fruits confits, les dattes, les mandarines, les mendiants (noix, amandes, figues sèches et noisettes), puis du raisin, des pommes et des pruneaux. Nous sommes bien loin du menu qui faisait saliver le curé des Trois messes basses d'Alphonse Daudet au point de lui faire bâcler la messe de minuit!

Moins expéditive que ces fameuses messes, la messe de minuit provençale traditionnelle est toujours très colorée. À l'offrande, des bergers, dont l'un porte un agneau de lait, s'avancent vers le maître-autel pour le présenter: c'est le pastrage. Selon les villages et les régions, l'offrande peut changer, mais la coutume veut que l'on apporte ses meilleurs produits.

Quelles que soient vos traditions, joyeuses festivités!

Louise Gaboury