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Article publié dans le webzine de Janvier 2011

Venise, héroïne de romans policiers


Dans les romans de Donna Leone relatant les enquêtes du commissaire Brunetti, Venise vole toujours la vedette. Cette série d'une quinzaine de polars constitue un merveilleux guide de Venise. Au fil des pages, en suivant les aventures de Brunetti, les lecteurs découvrent des lieux, des bribes d'histoire, des traditions et une mine d'informations parfois croustillantes sur la société vénitienne.

La Venise de Donna Leon

Donna Leon habite un appartement confortable qui donne sur une place minuscule du Canareggio. Elle me reçoit très simplement dans son salon décoré d'oeuvres d'art et de souvenirs de voyages. Il est à peine 10 heures du matin. Elle a déjà fait ses courses « pour éviter les foules de touristes », qui s'aventurent pourtant peu dans son quartier. Et elle a pris son café avec l'amie rencontrée lors de son premier voyage à Venise à la fin des années soixante. « Venise n'était alors qu'une petite ville provinciale bâtie sur l'eau », se rappelle-t-elle. Celle qui deviendra son amie, qui la ramènera fréquemment dans la ville et la mènera à s'y établir une quinzaine d'années plus tard. « Roberta s'est fiancée, puis mariée et sa famille est un peu devenue la mienne. Mes seules obligations familiales sont ici. »

Donna Leon, vit donc à Venise depuis des décennies, entourée d'amis, surtout italiens. Elle vit en italien, une langue qu'elle maîtrise parfaitement. Par contre, si elle comprend le vénitien, elle ne le parle pas.

Tous les jours où elle est ici, elle travaille de 11h à 19 h « en priant parfois pour que quelqu'un m'appelle pour aller prendre un café! », s'exclame-t-elle. Bon an mal an depuis une quinzaine d'années, elle publie un nouveau chapitre des aventures de Brunetti. Alors que le dernier vient de paraître en anglais, le prochain est déjà prêt et devrait être publié en janvier. « Après avoir bien travaillé, je peux m'amuser », poursuit-elle. Et son plaisir ultime, c'est la musique.

La musique

Dans Mort à la Fenice, elle a mis en scène des musiciens, dont un chef d'orchestre assassiné et une chanteuse d'opéra soupçonnée. Interrogée sur sa passion pour la musique, elle répond qu'elle est plus importante que son écriture. « J'écris des romans policiers. Ça ne se compare pas à un opéra de Haendel», déclare-t-elle sans fausse modestie. Elle utilise sa notoriété d'écrivain pour faire connaître la musique de l'ensemble Il complesso barocco, et marraine un festival de musique à Ernen, en Suisse. En cours d'entrevue, elle arrête tout pour me faire découvrir un superbe enregistrement de la soprano québécoise Karina Gauvin à qui elle voue une admiration sans bornes.

Quand Donna Leon me raccompagne à l'entrée de la maison, elle me présente Gastone, le héros d'une nouvelle de Sans Brunetti. C'est le chat de sa voisine française professeur de français à l'Université de Venise. Non, elle ne l'a pas inspirée pour le personnage de Paola, la femme du commissaire Brunetti, puisqu'elle ne la connaissait pas encore quand elle a écrit son premier roman policier.

Donna Leon semblait prédestinée à vivre à Venise. Son nom, Leon, qu'elle doit à son père d'origine espagnole, veut dire lion en Italien si on lui ajoute un « e ».  Et le lion est un symbole de Venise...

www.groveatlantic.com/leon/leon.htm

Louise Gaboury