Partager sur Facebook Partager sur Twitter Partager sur Google Plus Partager sur Flipboard
Article publié dans le webzine de Février 2016

Jekyll Island, une oasis historique


À quelques encablures de la côte de la Georgie, juste au nord de la Floride, Jekyll Island a connu un destin exceptionnel. Après avoir été brièvement fréquentée par les Espagnols établis à St. Augustine, avant l’arrivée des Britanniques, l’île est finalement colonisée par un noble français, Christophe Poulain Dubignon, qui fuyait la Révolution française. Il y établit une plantation de coton.

En 1886, ses héritiers vendent l’île pour 125 000$ à un groupe de millionnaires qui veulent en faire un club privé de chasse et pêche. Le Club House est bâti deux ans plus tard. Jekyll Island avait trouvé sa vocation de destination touristique.

C’était avant la vogue des bains de mer et le club est érigé face à la côte, du côté opposé aux superbes plages qui s’étirent sur une douzaine de kilomètres. Aux vagues de l’Atlantique, et aux menaces d’ouragans, Les Rockefeller, Crane, Pulitzer, Astor, Goodyear et autres riches et célèbres préféraient la splendeur des couchers de soleil.

Tout ce beau monde fréquentait ce club de chasse sélect pour y pratiquer une variété d’activités de plein air, de janvier à mars. Quand les suites du Club House n’ont plus suffi à leurs besoins d’espace et de luxe, ils ont bâti un immeuble que six d’entre eux ont partagé. C’était sans doute le premier condo de l’histoire. Quand ils se sont encore trouvés à l’étroit, ils sont construit des cottages, équipés de tout le confort moderne, du téléphone à l’électricité en passant par la plomberie, avec pas moins d’une dizaine de salles de bain chacun. Ils ne se privaient de rien. Le Goodyear Cottage, par exemple, a été conçu par le même architecte que le New York Library! En 1904, on bâtit Faith Chapel, une église oecuménique, qui évite aux membres de se rendre à Brunswick pour faire leurs dévotions. Petite curiosité : ses gargouilles sont copiées sur celles de Notre-Dame-de-Paris.

N’entrait pas qui voulait dans ce club exclusif. Il fallait être coopté. Pourtant, il a fini par être abandonné par ses membres après plus de 55 ans d’activité. La crise, la guerre et le changement de mentalité ont eu raison de ce mode de vie. La jeune génération appréciait moins la nature et recherchait un autre type de distractions. La Floride, Palm Beach en tête, a détrôné Jekyll Island. L’état de la Georgie a finalement repris l’île pour en faire un parc.

Maintenant, tout le monde peut donc, moyennant un droit d’entrée investi dans sa protection, jouir des beautés sauvages de l’île, des chênes centenaires dégoulinants de mousse espagnole aux plages infinies. Logeant au camping, dans des maisons ou appartements de location ou dans des hôtels de différentes gammes, les visiteurs peuvent jouer au golf ou au tennis, faire du vélo, ou de l’équitation. Le must :  s’initier à l’histoire de l’île en visitant quelques-unes des cottages de l’âge d’or de Jekyll Island. Ils sont également invités à en apprendre plus sur les tortues qu’on protège sur l’île grâce au Georgia Sea Turtle Center, et en limitant l’éclairage nocturne au minimum pendant au moins six mois par année, pour leur permettre de venir y nidifier.

La terre continue d’appartenir à l’état de la Georgie, ce qui n’empêche pas le développement de l’île puisque un tout nouveau secteur vient d’être inauguré autour d’un centre des congrès, avec un prestigieux hôtel, le Westin, et un complexe de boutiques et de restaurants, Beach Village.

www.jekyllisland.com/

Louise Gaboury