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Article publié dans le webzine de Octobre 2008

Dans les champs rouges de l’automne


Elle a été baptisée atoca par les Amérindiens et crane berry par les colons de la Nouvelle-Angleterre qui trouvaient à ses fleurs de forme retournée une ressemblance avec la tête et le bec de la grue. Avec le temps, le terme s’est contracté pour devenir cranberry. Au Québec, le nom d’atoca ou ataca est toujours utilisé, même si on privilégie de plus en plus celui de canneberge.

La canneberge est un petit fruit acidulé provenant d’une plante vivace qui pousse sur de longues tiges. Sa bouture met quatre ans avant de produire des fruits. Elle pousse dans de vastes bassins couvrant en moyenne cinq acres. Elle se cultive dans un sol plat, meuble et marécageux au Ph acide de 4 à 5, près d’une réserve d’eau, pour l’arrosage en cas de sécheresse, la récolte et la protection hivernale, et d’un approvisionnement de sable, qui favorise le drainage et dont on recouvre le champ glacé en hiver.

Un petit fruit bien de chez nous

La culture de la canneberge est devenue la plus importante culture fruitière du Québec. L’an dernier, selon l’Association des producteurs de canneberges du Québec, la quarantaine de producteurs québécois ont récolté plus de 86 millions de livres de canneberges. En 2007, la valeur de la récolte a dépassé les 35 millions $, devançant les bleuets et les pommes.

Comme le bleuet, la canneberge est un fruit indigène au Québec. Sa culture est surtout concentrée au Canada et aux États-Unis. Au Québec, on compte une quarantaine de producteurs sur plus de 4000 acres de culture, concentrées dans les Bois-Francs. Le Centre du Québec produit d’ailleurs 95% des canneberges québécoises.

La famille Larocque est une pionnière de la culture de la canneberge dans la région. C’est le grand-père de Louis-Michel Larocque, aujourd’hui propriétaire de l’entreprise, qui a fondé la cannebergière en 1939. Il avait repéré les conditions idéales pour la culture de la canneberge et même identifié des plans qui y poussaient à l’état sauvage. Son instinct l’a bien guidé. Sous la gouverne de son fils Charles, l’entreprise familiale a été la première cannebergière à joindre la coopérative Ocean Spray qui traite maintenant près de 60% des canneberges cultivées au Canada.

Une récolte colorée

À la fin de septembre, les champs d’un rouge mauve sont prêts pour la récolte. Ouvert seulement de la fin septembre à la mi-octobre, le Centre d’interprétation de la canneberge, situé à Saint-Louis de Blanford dans la région des Bois-Francs, propose une visite guidée et commentée sous son chapiteau équipé de panneaux thématiques et d’objets associés à la récolte de la canneberge. On peut y déguster et acheter des canneberges fraîches et des produits à base de canneberges : coulis, gelées, vinaigrettes et marinades. La visite se poursuit dans un champ de canneberges où les participants peuvent assister au spectacle de la récolte.

Pour récolter les canneberges, on inonde la canebergière sous une quinzaine de centimètres d’eau. On procède d’abord au battage des plants pour détacher les fruits. Comme ils sont creux, ils remontent à la surface, formant une mer de fruits rouges. Il faut ensuite élever le niveau d’eau du terrain jusqu’à 40 cm et rassembler les fruits à une extrémité du bassin à l’aide d’estacades. Les canneberges sont ensuite pompées dans des camions qui les transporteront vers le centre de tri et de nettoyage, puis vers le lieu d’emballage ou de transformation.

Les dates de récolte varient d’une année à l’autre. Pour en connaître les dates exactes: www.canneberge.qc.ca/.

Des propriétés quasi-magiques

La valeur nutritive de la canneberge, dont les vertus médicinales étaient déjà connues par les Amérindiens, est de plus en plus reconnue. Ses propriétés curatives sont documentées par des études scientifiques. Riche en vitamine C et en fibres, elle est recommandée pour les infections urinaires et contribue à équilibrer la flore intestinale. Ses propriétés antioxydantes peuvent agir pour prévenir certains cancers et, comme elle contient des Omégas 3 et 6, et du resvératol, elle peut combattre le cholestérol. À cause de son goût acidulé, le jus de canneberge est généralement mélangé à d’autres jus de fruits. Pour bénéficier des bienfaits de la canneberge, il faut s’assurer que le jus que l’on boit contient suffisamment de jus de canneberges et aussi peu de sucre que possible…

Louise Gaboury