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Article publié dans le webzine de Avril 2012

Istanbul et la Cappadoce : l’émotion à fleur de peau


Turquie, pays de l'émotion. Émotion devant le destin de ce peuple, les noms évocateurs chargés de mystère, les paysages incroyables, comme ceux de la Cappadoce et du Bosphore. Émotion en écoutant l'appel à la prière des muezzins à l'une ou l'autre des 3000 mosquées d'Istanbul. Émotions gourmandes en goûtant feuilles de vignes et salades variées, cet incroyable ragoût de viande cuit dans une poterie sur un feu de bois, le simit, les pâtisseries et les bonbons, le thé à la pomme, le café turc et le raki,  et en humant le parfum du maïs et les châtaignes grillés que proposent les vendeurs ambulants!

Istanbul

Istanbul. Rien que le nom fait rêver. Et ses appellations précédentes, Byzance et Constantinople, tout autant. Ce n'est pas une ville, mais une mémoire. Bosphore, Dardanelles, on souhaiterait que les souvenirs des cours d'histoire ne soient pas si lointains... Bientôt, Sultanhamet, mer de Marmara, Kumkapi, Fatih, pont de Galata,  n'auront plus de secrets pour nous. La langue pourtant restera un mystère. Difficile de se rappeler comment dire des mots aussi simples que s'il-vous-plaît (lütfen), merci (tesecür ederim) etc.

Carrefour de civilisations, point névralgique des routes commerciales, Istanbul agit maintenant comme un aimant sur les voyageurs. Il y a foule à la basilique Sainte-Sophie, à la Mosquée bleue, au Palais Topkapi, sur les bateaux qui sillonnent le Bosphore et la Corne d'or, et aux différents bazars. Qu'importe, le charme de la ville opère toujours.

La basilique Sainte Sophie ne fait pas référence à une certaine sainte Sophie, mais plutôt à la sagesse divine (sofia signifie sagesse, en grec). Bâtie au VIe siècle par l'empereur byzantin Justinien, elle a été transformée en mosquée, puis convertie en musée en 1935, elle est d'une beauté envoûtante. Comment, devant tant de beauté, ne pas succomber au syndrome de Stendhal ?

La Mosquée bleue, sa voisine, rivalise de beauté avec elle, mais l'odeur de pieds qui se dégage après que tous les visiteurs aient enlevé leurs chaussures transportées avec eux dans un sac plastique, atténue la magie...

La palais de Topkapi, où ont vécu dans un luxe inouï de 1465 à 1830 les souverains ottomans est un des moments forts d'un séjour à Istanbul. L'espace, agréable, avec de beaux jardins, de splendides vues et un restaurant sur place, invite à une découverte lente de l'endroit. Bien sûr, il faut faire la queue pour voir le fabuleux trésor, mais le jeu en vaut la chandelle. Moyennant un supplément, la visite du harem permet de s'imprégner de l'ambiance qui régnait dans cette petite ville dans le palais, et de rêver aux jeux de coulisse qui s'y déroulaient...

D'autres  monuments moins connus fournissent un autre éclairage sur la ville. C'est le cas de la petite mosquée Rüstem Pasa, commandée au célèbre architecte Sinan qui a signé, au XIVe siècle, quelque 300 bâtiments stambouliotes, dont 85 tiennent toujours debout. Il a utilisé ici de très beaux carreaux d'Iznik. À voir aussi, l'impressionnante citerne-basilique, dont l'ambiance mystérieuse est mise en valeur par un savant éclairage. Même si elle est située un peu à l'écart du centre, il faut aussi voir l'église Saint-Sauveur-in-Chora pour ses stupéfiantes mosaïques datant du XIVe siècle. Le quartier est charmant avec ses anciennes maisons de bois, et on peut se rafraîchir au café ombragé qui fait face à l'église...

Un séjour à Istanbul n'est pas complet sans une croisière sur la Corne d'or et sur le Bosphore, un détroit mythique qui fait rêver à sa belle époque décrite par Orhan Pamuk dans son récit Istanbul.

Les hammams ou bains turcs étaient les bains publics d'avant l'eau courante et les salles de bains modernes. Ils sont aujourd'hui fréquentés surtout par les touristes, mais ils n'en perpétuent pas moins la tradition. Une visite au hammam fait le plus grand bien après une journée de visites intensives. Agréable paradoxe, au hammam Çemberlitas, qui date du XVIIe siècle, on a accès à Internet sans fil gratuitement !

Le hammam : mode d'emploi

Une pudeur excessive ne devrait empêcher personne de tenter l'expérience du hammam. Si on peut y aller en maillot de bain, il faut opter plutôt pour le bikini, dont seule la partie du bas sera utile... Dans les hammams, les hommes et les femmes occupent des quartiers séparés.

Au hammam Çemberlitas, près du Grand Bazar, par exemple, le prix d'entrée comprend une culotte, un gant de crin, une sorte de pareo et une paire de sandales de plastiques essentielles pour ne pas glisser sur le plancher mouillé. Au vestiaire, on place ses effets personnels dans un casier verrouillé. Arrivés dans la partie hammam, on se dépouille de son paréo pour s'y étendre pendant une dizaine de minutes à suer dans l'atmosphère d'étuve parmi d'autres femmes à moitié nues. Ensuite, le lavage commence par un seau d'eau lancé sur vous avant que la préposée au lavage (en culotte et soutien-gorge) ne commence l'exfoliation, suivie d'un grand savonnage en règle. Le shampoing est optionnel. Après le rinçage, on passe dans le jacuzzi, puis c'est l'heure du massage à l'huile si on a payé le supplément. Manucures et pédicures sont proposés sur place. Voilà ! Après une douche, retour au vestiaire équipé de séchoirs à cheveux pour se refaire une beauté.

D'autres hammams ? Tarihi Galatasaray, près de la place Taksim, et Kadirga hamami, près de la petite Sainte Sophie.

Bouleversante  Cappadoce

La façon la plus rapide de gagner la Cappadoce au départ d'Istanbul, est l'avion, en atterrissant à Nevsevir ou Kayseri. Autrement, la région est bien desservie par un système d'autocars. En circuit, on fait habituellement étape dans la capitale, Ankara, où on nous montre le quelque peu prétentieux mausolée de Mustafa Kemal Attatürk à qui la Turquie doit sa modernité et la séparation de l'Église et de l'État. Plus intéressante est la visite du musée des civilisations anatoliennes qui permet de comprendre la préhistoire de la région. En route, on peut également s'arrêter en bordure du lac salé fréquenté par des flamants roses.

En Cappadoce, on se retrouve dans un tout autre monde, un paysage désert sculpté de merveilles. Cette petite région du centre de la Turquie est tout simplement magnifique. Les formations rocheuses baptisées "cheminées de fées" sont spectaculaires, comme les habitations troglodytiques et les émouvantes églises creusées dans le roc du musée en plein air de Göreme. Le luxe ultime est de découvrir la Cappadoce en mongolfière. Les conditions météorologiques sont habituellement favorables aux envolées matinales qui donnent un éclairage particulier à ces fabuleux paysages.

Parcourant des paysages de cartes postales, on peut s'arrêter dans un caravansérail, où faisaient déjà halte les caravanes fréquentant la route de la soie au XIIIe siècle, et visiter une ville souterraine plusieurs fois séculaire (rien à voir avec celle du centre-ville de Montréal!) où les gens pouvaient se terrer en cas de menace ennemie. On peut, le soir, assister à une démonstration de derviches tourneurs, ces mystiques de l'Islam, ou à un dîner-spectacle dans un espace troglodytique...

Il reste encore beaucoup à découvrir de la Turquie : les belles ruines d'Éphèse, les plages, Antalya, Izmir, mais ce sera pour une prochaine fois...

Marchés, bazars et magasinage

Les marchés, comme le Grand bazar et le marché aux épices ou bazar égyptien, sont plutôt touristiques. Pour trouver quelque chose de vraiment local, il faut attendre le mardi et traverser côté Asie pour le fameux marché du mardi où se pressent les Stambouliotes et quelques touristes, quand même, pour acheter fruits et légumes, vêtements, chaussures, bijoux, articles de cuisine ou de décoration, etc. Dans les allées, passent les livreurs de thé et les vendeurs accostent les passants dans une atmosphère bon enfant.

Autrement, les boutiques de souvenirs s'agglutinent autour du Grand Bazar, de la Mosquée bleue et de Sainte-Sophie. Sur Istiklal Caddesi, dans le quartier Beyoglü, on trouve plein de boutiques de vêtements, chaussures, etc.

À Ürgüp, le marché du samedi est on ne peut plus coloré. On y vend, en plus des fruits et légumes, poussins vivants et costumes traditionnels (sarouels et foulards).


Bonnes adresses

Istanbul

. Hôtel Aziyadé, du nom du roman de Pierre Loti. Bien situé et superbe terrasse sur le toit. Excellente cuisine.

. Café Pierre Loti pour la belle vue sur la ville. L'ambiance et la clientèle qui compte autant de touristes que de Stambouliotes.

. Lipsos, rue Nebizade, étroite rue piétonne dans le quartier Beyoglü

En Cappadoce

. Old Greek House (Asmali Konak) restaurant-hôtel à Sinasos Village, Mustafapasa. Cuisine exquise et beaux espaces.

. Hôtel Yunak Evleri à Ürgüp, un superbe emplacement aménagé dans des maison troglodytiques et une déco d'hôtel boutique.


La Turquie pratique

Les citoyens canadiens visitant la Turquie ont besoin d'un visa pour entrer au pays. Le visa est vendu à l'aéroport au coût de 60$ (45 euros) pour 90 jours.

Louise Gaboury