Partager sur Facebook Partager sur Twitter Partager sur Google Plus Partager sur Flipboard

La fontaine de Tourny, de Bordeaux à Québec


La capitale québécoise a accueilli avec enthousiasme l'installation de la fontaine de Tourny face à l'Hôtel du Parlement. Depuis sa mise en eau et en lumière le 3 juillet 2007, jour du 399e anniversaire de la ville de Québec, elle attire les foules admiratives.


L'ensemble en impose. La fontaine mesure près de sept mètres de haut et sa largeur atteint les quatre mètres. La base, posée dans un bassin circulaire comportant 16 grenouilles, est composée de quatre statues. Un homme et trois femmes symbolisant les fleuves et les rivières sont disposés autour d'un piédestal sur lequel s'élève une vasque ornée de poissons sur chacun de ses huit côtés. Au-dessus se trouve un plan circulaire surmonté de quatre figures symbolisant la navigation et la pêche. Une autre vasque couronne le tout.
Histoire d'eaux entre Québec et Bordeaux
L'histoire de cette fontaine commence en France en 1854 dans les fonderies Barbezat où sont réalisées six exemplaires de l'oeuvre de Mathurin Moreau. La fontaine vaut au sculpteur la médaille d'or de l'Exposition universelle de 1855 à Paris. Ébloui, le maire de Bordeaux en achète deux pour souligner la construction du premier réseau d'aqueduc de la ville. En août 1857, les fontaines sont installées aux extrémités des allées de Tourny, nommées d'après le marquis de Tourny, intendant de Bordeaux au XVIIIe siècle, qui avait promis de faire de Bordeaux la plus belle ville du monde.
Plus de 100 ans plus tard, les fontaines de Tourny, en mauvais état, sont retirées. Celle qui viendra orner le carrefour giratoire de l'avenue Honoré-Mercier, est vendue au propriétaire d'un château du Bordelais qui n'aura finalement pas les moyens de lui donner un second souffle.
C'est Peter Simons homme d'affaires d'origine écossaise dont la famille est établie à Québec depuis plus de 200 ans, qui réussira ce tour de force. En 2003, alors qu'il chine aux puces de St-Ouen à la recherche d'éléments de décor pour son magasin du Vieux-Québec, Peter Simons tombe amoureux de cette fontaine qui gît en pièces détachées dans la boutique de l'antiquaire Marc Maison. Il commence à jongler avec l'idée de faire don de la fontaine à la ville de Québec à l'occasion de son 400e anniversaire. Ayant eu l'aval de la municipalité, il confie la restauration de la fontaine à Antoine Amarger, dont le travail a été reconnu par la SEMA (Société d'encouragement aux métiers d'art). Remise à neuf, la fontaine prend le bateau pour le Nouveau Monde. Elle est entreposée et remontée dans une grange de l'île d'Orléans. Son transport à Québec en mai dernier occasionne la fermeture du pont de l'île. Commence alors son installation au-dessus d'une salle des machines de six mètres carrés, creusée dans le roc.
La boucle est maintenant bouclée. Grâce à l'initiative de Peter Simons et à la collaboration de la Commission de la capitale nationale, de la ville de Québec et de l'Assemblée nationale, presque 100 ans jour pour jour après son installation à Bordeaux, la fontaine de Tourny est revenue à la vie au coeur de la ville avec laquelle elle est jumelée depuis 1962.
Signe de sa nouvelle appartenance, la fontaine affiche maintenant les mots de Marie Laberge, née à Québec : « Ici, le Québec s'affirme, Loyal et fier, Fort d'hier, Courageux pour toujours, Et déterminé à ne pas mourir. »

Louise Gaboury