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Article publié dans le webzine de Septembre 2012

Trieste, pas tout à fait l’Italie, pas vraiment ailleurs…


Il y a un peu de Prague ici, et aussi un peu de Vienne, pourtant nous sommes bien en Italie, à Trieste, cette ville pratiquement entourée par la Slovénie. Il y a un je ne sais quoi dans l'architecture, dans l'allure des Triestins et dans la cuisine, qui rappelle l'Europe centrale.

Comme Vienne, Trieste a son lot de cafés historiques (Tommaseo, San Marco, degli Specchi) où on vient lire le journal, rencontrer des amis ou refaire le monde. Ici, le cappuccino ne s'appelle pas « melange », comme en Autriche, mais « capo in B » (« capo étant le diminutif de cappucino et « in B » pour « in bicchiere », puisqu'il est servi dans un verre). Comme à Vienne il est souvent accompagné d'un petit verre d'eau minérale. Trieste est d'ailleurs la capitale italienne du café avec les installations de l'usine Illy sur ses hauteurs.

Ici, on peut même manger de la choucroute avec un assortiment de viandes dans un petit resto traditionnel, Da Peppi Buffet. Pourtant, malgré la bora, un vent qui peut être terrible, on y trouve la même douceur de vivre qu'ailleurs en Italie, avec notamment le rituel de la passeggiata. À l'heure de l'apéro, les Triestins se réunissent devant un Spritz Aperol (cocktail à base d'Aperol, de prosecco, d'eau pétillante ou de soda, et d'une tranche d'orange) agrémenté d'adorables petits sandwiches ou simplement de patatine (chips)... Ce Spritz est proche parent du Spritzer inventé par les Autrichiens qui, habitués au vin léger de leur pays, auraient dû mettre de l'eau de Seltz dans celui, plus costaud, qu'on leur servait à Trieste.

La position de Trieste, à l'extrémité nord-est de l'Italie, n'explique pas tout.  Rivale de Venise, située de l'autre côté de la baie, la ville s'est mise sous la protection des Habsbourg pour  échapper à la domination de la Sérénissime. Port franc et seule ouverture sur la mer de l'empire autrichien,  sa prospérité a attiré une immigration cosmopolite qui a façonné le visage de Trieste. « Personne n'est complètement Italien à Trieste », souligne ma guide Analisa.

Restée autrichienne jusqu'en 1918 malgré quelques brèves interruptions, elle n'est redevenue véritablement italienne qu'en 1954, après les guerres et les occupations, dont une assez sanglante des armées de Tito en mai 1945.

Parmi les curiosités de la ville, la splendide place de l'unité d'Italie, les ruines romaines de l'antique Tergeste, et le train à crémaillère qui mène à la strada napoleonica.

James Joyce l'a aimée, Stendhal, pas du tout. Et moi ? Oh oui ! Un ami italien me l'avait prédit : « Tu vas aimer Trieste. Les Triestins sont très gentils. Et ils boivent beaucoup. » Oui, ils sont très gentils et,  je n'ai pas remarqué qu'ils buvaient « comme des Polonais », mais moi, c'est à Trieste que j'ai développé une sérieuse dépendance au Spritz Aperol...

À voir et à faire dans les environs :

. le château de Miramare construit au milieu du XIXe siècle pour l'archiduc Maximilien qui devait être fusillé au Mexique quelques années plus tard avant d'accueillir Amedeo de Savoie, duc d'Aoste. C'est un des sites les plus visités d'Italie. Sissi y a peut-être dormi...

. une promenade sur le sentier Rilke qui longe la mer.

. Aquileia, un des plus importants sites archéologiques du nord de l'Italie

. la charmante station balnéaire de Grado,

. le petit village de Muggia

. la Grotta gigante, qui comme son nom l'indique, est une des plus grandes d'Europe.

Louise Gaboury