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Article publié dans le webzine de Janvier 2010

Vacances suisses lentes et vertes. Randonnée sans bagages et … sans voiture !


L’heure est aux vacances actives et au « Slow Travel ». Finies les courses folles de 12 jours et 11 nuits où on ne faisait qu’apercevoir l’Europe de la fenêtre d’un autocar. Même la France et l’Italie ne se « font » plus d’une seule traite : elles se dégustent plutôt par petites bouchées. La Suisse a beau être un petit pays, j’ai choisi de n’en découvrir qu’une minuscule portion, en marchant et en utilisant les transports en commun. Le but était de décliner  « Slow Travel » en mode vert tout en bénéficiant d’un service essentiel : le transport des bagages !

Pourquoi  le Val d’Anniviers? Pour l’intérêt de ce coin de Suisse situé à l’orée des glaciers, en dehors des sentiers battus, mais bien desservi par le transport en commun, pour le nouveau vol direct d’Air Canada entre Montréal et Genève, et pour l’accessibilité de cette randonnée aux néophytes de la marche en montagne, dont je suis.

Marcher d’un pas léger

Le tour du Val d’Anniviers en liberté s’échelonne sur six jours. Il est divisé en trois séjours de deux jours au même hôtel. À chaque étape, il comprend une randonnée en boucle et une  marche  jusqu’au prochain hameau. L’aventure commence à Saint-Luc, un village de montagne situé à environ trois heures de Genève. Le trajet se fait en train jusqu’à Sierre et en car postal ensuite.

Les étapes, d’une quinzaine de kilomètres chacune, se parcourent en cinq ou six heures. Les dénivelés varient de 400 à 1360 mètres, mais il est permis de tricher un peu et d’alléger les randonnées en utilisant les téléphériques. Si les choses tournaient mal ou s’il tombait des cordes, il serait même possible de prendre le car postal à certains endroits, comme entre le barrage de Moiry et Grimentz, et entre Vissoie et Saint-Luc. Autrement, les randonnées de moyenne montagne sont tout à fait agréables pour les marcheurs moyennement entraînés mais bien équipés. Ici et là, en bordure des sentiers, ils trouveront de charmants petits cafés qui leur permettront de se sustenter devant des paysages grandioses, tout en reprenant leur souffle.

Que du bonheur !

Au départ de Genève, le train traverse les vignobles en longeant le lac Léman où dansent une multitude de bateaux, puis le Rhône, des champs de maïs et des vergers, sur fond de montagnes, jusqu’à Saint-Luc, au cœur du Val d’Anniviers.

Le première randonnée mène à Chandolin, un des plus hauts villages d’Europe. La  pionnière des voyages d’aventure au féminin, Ella Maillart, y a vécu. Après la visite de la petite exposition qui lui rend hommage, le chemin des écoliers revient à Saint-Luc à travers de belles forêts entrecoupées de pâturages où le gai guelingueling des cloches à vache rythme les pas.  Cette première journée parfumée aux aiguilles de pin dorées au soleil s’avère relativement courte, ce qui  laisse du temps pour profiter de la piscine et se prélasser sur la superbe terrasse de l’hôtel Bella Tola qui domine un fabuleux paysage de montagne.

Le deuxième jour, l’aventure débute vraiment. Après une randonnée facile sur le chemin des planètes et un petit café à la terrasse de l’hôtel Weisshorn, perché à 2300 mètres d’altitude, commence une longue promenade à flanc de montagne. Le balcon, entouré du tapis vert et fleuri des alpages, remonte la vallée. La descente vers le bucolique village de Zinal, dans une forêt de mélèzes qui semble interminable, sollicite intensément le mollet.

Le lendemain, randonnée buissonnière vers le glacier de préférence à l’itinéraire suggéré. La mine de cuivre de la Lée, les nombreuses cascades et le panorama sur la couronne impériale des cinq hauts sommets, dont le Weisshorn à 4505 mètres d’altitude et la Dent-blanche à 4357 mètres, en valaient la peine. Comme l’inoubliable croûte au fromage d’alpage (tellement frais qu’il en sentait presque la vache !) dégustée sur la spectaculaire terrasse de la cabane du Petit-Mountet, accompagnée d’un jus de pomme et abricot fait à partir des fruits du Valais :  délicieuse combinaison de Slow Food et de Slow Travel.

De Zinal à Grimentz, même en empruntant le téléférique, la montée est rude. Elle se fait ce jour-là dans la brume, le froid et même la neige, jusqu’à 3850 mètres. Un peu plus tard, la découverte des eaux turquoise du lac de Moiry fait oublier l’effort. Après une autre longue descente au pays des vaches, l’arrivée à Grimentz provoque des Oh ! et des Ah ! C’est un plaisir d’arpenter les ruelles bordées de demeures anciennes, dont certaines datent du XVIe siècle. Les maisons de bois de ce village de carte postale croulent sous les géraniums et le petit cimetière qui domine la vallée est d’une poignante beauté.

Le dernier jour, le retour vers Saint-Luc se fait plutôt en douceur avec seulement quatre heures de marche, tantôt en forêt, parfois au milieu d’herbes folles, entrecoupées d’une petite pause café à Vissoie.

Au terme de cette semaine, j'aurai parcouru près d’une centaine de kilomètres sur des sentiers à flanc de montagne, dans des forêts de conifères, sur des sommets dénudés, au milieu de prés fleuris multicolores, à l’ombre de pics enneigés, charmée par la symphonie pour murmure de cascades, grondement de rivières, gazouillis d’oiseaux et cloches à vaches. J'aurai traversé des torrents de montagne, croisé des troupeaux de vaches et foulé des plaques de neige. J'aurai goûté les merveilleux produits locaux dont le jambon cru et le fromage d'Anniviers, le Fendant léger et les jus de fruits du Valais.

En plus d’être écolo et politiquement correct, ce type de vacances permet de décrocher rapidement comme si le stress s’envolait comme par enchantement à chaque enjambée. Je recommencerais demain matin, surtout que je n’ai pas du tout touché à ma provision de pansements pour ampoules et à peine entamé ma collection de crèmes pour les pieds !

Carnet de route

. Cette région du Valais, en Suisse francophone compte des centaines de kilomètres de sentiers de randonnée pédestre.  Le forfait décrit plus haut est vendu par le voyagiste québécois Ekilib au prix de 1120$. Il comprend six nuitées en demi-pension, le transport des bagages, l’itinéraire et les cartes topographiques. La réservation d’une nuit supplémentaire à Saint-Luc à la fin du programme s’est avérée une excellente idée. L’achat d’un forfait payé à l’avance en dollars canadiens, comme celui-ci, évite les mauvaises surprises.

. La randonnée sans bagages ne dispense pas de porter un sac à dos de jour pour ranger la provision d’eau, le repas du midi, l’imperméable, la trousse de premiers soins et les vêtements plus chauds nécessaires en altitude.

. Les sentiers exigent de bonnes bottes de marche. Les souliers de course ne sont pas conseillés

Coups de cœur

. Adoré le Bella Tola à Saint-Luc, un hôtel 4 étoiles de charme. Le service et la cuisine étaient impeccables, et la situation, géniale !

. Apprécié la gentillesse et l’empressement des Suisses rencontrés tant dans les hôtels, les bus, les trains les restaurants et les offices de tourisme que sur les sentiers de randonnée.

. Été agréablement surprise de voir des cafés et petits restaurants dans des endroits fabuleux au milieu de nulle part.

www.myswitzerland.com www.sierre-anniviers.ch  www.ekilib.com

 

Chère la Suisse? Ça dépend!

Le prix des sandwiches a varié de 2,75 francs suisses dans une épicerie de Saint-Luc à 5,50 francs suisses à la gare de Genève. J’ai payé 3 francs suisses pour un café latte à emporter à la gare de Sierre. Le cours du café grimpait à 4 francs suisses pour un cappuccino en montagne. Le lunch à la cabane du Petit Mountet a coûté 42 francs suisses pour deux délicieuses croûtes au fromage, une eau minérale et un jus de fruits frais. Un peu cher, mais lc cadre sublime n’avait pas de prix!

Au Bella Tolla, la nuit supplémentaire coûte 310 francs suisses pour deux personnes en demi-pension (hors forfait de 6 jours de rando). Le verre de vin y est vendu 3, 40 francs suisses.

 

 

 

 

Louise Gaboury