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Venise, jour 4 du déconfinement imaginaire


Il y a cinq ans, j’étais à Venise. Pour vrai. J’y suis retournée depuis, et, si tout va bien j’y séjournerai de nouveau en octobre. En attendant, et au cas où, je m’y promène virtuellement.

Aujourd’hui, je commence ma journée à La Fenice, l’emblématique opéra de Venise, inauguré en 1792.  Quelques fois détruit par les flammes, le dernier incendie remontant à 1996, il renaît toujours de ses cendres. À défaut d’assister à un concert ou un opéra dans sa splendide salle, on peut toujours le visiter.

Je prends ensuite mon second café matinal au Caffè Al Ponte dell ovo. Ce café historique est un lieu de rencontre très prisé des Vénitiens. Je poursuis mon chemin vers l’ancien Casino Venier ui abrite les locaux de l’Alliance française de Venise. Ce « casino » est en fait une petite maison intime où on se réunissait surtout pour jouer. La décoration de celui-ci, un des plus jolis, dit-on, date de la moitié du XVIIIe s. Ces casini appartenaient surtout à des hommes, mais celui-ci était le refuge d’Elena Priuli, femme du procurateur Venier. Son aménagement comprend une belle cheminée en faïence de Delft, et un liago, une petite pièce qui s’avançait sur la rue et permettait, grâce à un judas aménagé dans le sol, de voir qui frappait à la porte… Certains de ces endroits servaient aux rendez-vous amoureux, mais la majorité d’entre eux étaient consacrés au jeu et au plaisir de la conversation…

Je commence ma promenade dans Canareggio en m’arrêtant au passage à la chiesa dei Miracoli avant d’errer au hasard des ruelles du quartier jusqu’à Fondamenta Nove. Plus on approche de la rive, plus les boutiques de fleurs sont nombreuses, c'est que nous sommes près du cimutière. Je m’attable à la terrasse de Da Alvise, situé juste en face de l’isola San Michele, le cimetière de Venise, que je vais visiter maintenant. Je prends le vaporetto qui mène à l’ile. Plusieurs personnes apportent des fleurs. Quelques femmes âgées sont vêtues de noir. L’atmosphère de cet endroit est magique. À l’ombre de sa muraille de brique, sont enterrées des générations de Vénitiens. Je me demande, en me promenant parmi les tombes, si Donna Leon ne s’est pas inspirée d’une visite ici, elle qui n’habite pas loin, pour trouver les noms de ses personnages. La tombe la plus émouvante est à mon avis celle du chorégraphe Diaghilev, ornée de chaussons de ballets, non loin de celle du compositeur Stravinski, mort beaucoup plus tard.

Je reprends le vaporetto jusqu’à Arsenale pour marcher un peu avant d’aller prendre un aperitivo copieux mais hors de prix à l’hôtel Danieli, voisin de la Pensione Wildner, où je vais déguster un mets de choix en cette saison, la délicate friture de moeche.

Je ne suis qu’à quelques minutes de marche de mon hôtel, mais je m’accorde un dernier verre sur une terrasse du campo Santo Stefano pour jouir du calme de la place en cette belle soirée.

Buona notte!

 

Louise Gaboury