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Le charme tranquille des passages couverts parisiens


Si Montréal s'enorgueillit de sa ville souterraine, Paris n'est pas du tout en reste avec ses passages couverts. Refuges de choix les jours de pluie, ils recèlent quelques secrets de l'histoire de la Ville lumière.

Ce sont les galeries du Palais-Royal qui lancent la mode des passages couverts un peu par hasard en 1786. À court de fonds, le duc d'Orléans, dit Philippe-Égalité, décide de bâtir une aile commerciale en bois dans le jardin du Palais-Royal. L'endroit devient le lieu de promenade favori des Parisiens et le concept, qui crée des raccourcis et épargne aux piétons les embarras de la circulation, fait boule de neige.

Logés sous de larges verrières et bordés de boutiques de luxe, ils abritent les passants des intempéries, permettent aux élégantes de garder le pied sec en ces temps où Paris est dépourvue d'égouts et de trottoirs et où ses rues ne sont pas pavées, en plus d'assurer une certaine sécurité le soir au sortir des théâtres puisque contrairement aux rues de Paris, plongées dans l'obscurité jusque vers 1850, elles sont éclairées au gaz.

Ancêtres de nos centres commerciaux, les passages couverts rappellent vaguement les souks arabes, mais autant lieux de commerce que lieux de rencontres, ils tiennent également du salon, à la mode à l'époque. Historiquement liés au théâtre et à la littérature, ils ont gardé une certaine aura de romantisme.

Les passages couverts aujourd'hui

L'âge d'or des passages couverts, concentrés sur la rive droite, se termine avec la transformation de Paris au milieu du XIXe siècle. Les travaux du baron Haussmann, l'ouverture des grands magasins, la généralisation de l'éclairage au gaz, puis de l'électricité plongent les passages couverts dans un long sommeil.

Des 150 passages et galeries qu'a comptés Paris, une vingtaine seulement ont survécu au ravage du temps et aux caprices de la mode et ce n'est que vers la fin du XXe siècle qu'ils reviennent à la vie. Les passages les plus somptueux se trouvent dans le quartier qui s'étend du Palais-Royal aux boulevards Montmartre et des Italiens.

La galerie Véro-Dodat, construite en 1826 et splendidement décorée, est la première à être inscrite à l'Inventaire supplémentaire des Monuments historiques en 1965. Située à mi-chemin entre les Halles et le Palais-Royal, sa principale attraction est la boutique de Robert Capia, collectionneur de poupées anciennes. Véritable capharnaüm de livres, de jeux, de vêtements, et de meubles de poupées, on y trouve autant des poupées précieuses valant plus de 5000 euros (7637 $ CAN), habillées par Worth, Hermès et Vuitton, que des poupées plus prolétariennes confiées en adoption au propriétaire des lieux par des habitants du quartier sentant la mort venir. Robert Capia est cofondateur en 1999 de l'Association Passages et galeries, qui s'est donnée pour mission de faire connaître les passages et les galeries où se mêlent l'histoire sociale et l'histoire de l'architecture et de l'urbanisme de la ville.

Comme lui, plusieurs marchands du Passage des Panoramas y sont établis depuis plus de 30 ans, mais le plus ancien est l'imprimeur Stern chez lequel tous les grands de ce monde ont fait graver leur bristol, même Lénine, dit-on. Le Passage Jouffroy, situé de l'autre côté du boulevard Montmartre, est le premier construit entièrement en métal et en verre et un des premiers passages chauffés. Rénové en 1987, il abrite le musée Grévin, le romantique hôtel Chopin et des boutiques au charme suranné comme Au bonheur des dames et celle des frères Segas.

La galerie Colbert a inspiré de nombreuses grandes galeries européennes, comme les galeries Saint-Hubert à Bruxelles et la galerie Vittorio Emmanuele II à Milan. Le Grand Colbert, au décor 1830, a d'abord été magasin de nouveautés avant de devenir restaurant vers 1900.

De style Empire, la décoration de la galerie Vivienne, surnommée la reine des galeries parisiennes, se caractérise par la richesse de ses éléments décoratifs inspirés de l'Antiquité: couronnes de laurier, gerbes de blé, palmes et cornes d'abondance en abondance. Il faut cependant baisser les yeux pour admirer les mosaïques de Faccina.

Carnet d'adresses

Galeries du Palais-Royal, 18, rue Montpensier. Métro Palais-Royal.

Galerie Vero-Dodat, 19, rue Jean-Jacques Rousseau / 2, rue du Bouloi. Métro Louvre.

Passage des Panoramas, 10, rue Saint-Marc/ 11, boulevard Montmartre. Métro Richelieu-Drouot.

Passage Jouffroy, 10-12, boulevard Montmartre/ 9, rue de la Grange-Batelière. Métro Richelieu-Drouot.

Galerie Colbert, 4 et 6 rue Vivienne. Métro Bourse.

Galerie Vivienne, 4, rue des Petits-Champs/ 23, rue Saint-Augustin/6, rue Vivienne. Métro Bourse.

www.passagesetgaleries.org/

Louise Gaboury